Etudes urbaines

Rubrique en cours de construction (veuillez bien vouloir nous excuser du désagrément) 

 

L’effet chromatique comme outil d’analyse et d’aménagement de l’espace urbain

Bien connus et exploités dans le milieu artistique, les effets de la couleur sont mal connus des architectes et prennent une toute autre dimension à l’échelle urbaine. Dans  l’espace urbain, la couleur est confrontée à de nouveaux paramètres qui altèrent la stabilité des apparences colorées (ensoleillement, heures, saisons, conditions météorologiques, arrière-plan, distance d’observation, observation en mouvement, taille de l’aplat, etc.). La couleur et ses propriétés optiques, lumineuses ou symboliques interfèrent sur notre lecture et sur notre expérience de la ville en transformant l’espace. Le manque de connaissances chez les concepteurs peut occasionner des effets visuels non-maîtrisés et parfois agressifs, comme lorsque les couleurs deviennent fluorescentes dans le paysage urbain. Une meilleure connaissance des effets de la couleur nous semble pertinente pour les utiliser à des fins précises dans l’espace (attirer l’œil, alléger les masses, etc.), pour aider les concepteurs à anticiper l’impact de leur bâtiment (dans la ville, voire dans le temps), pour aider les aménageurs à mettre en place des indications sur la couleur en amont des projets urbains, pour guider les futures insertions, et au final pour tendre à la garantie d’une certaine cohérence paysagère.

Le répertoire d’effets chromatiques que nous avons amorcé s’inscrit dans la continuité des recherches menées dans les laboratoires CRESSON et CERMA sur l’analyse des phénomènes sensibles perçus dans l’espace et des ambiances architecturales et urbaines en général. L’objectif de ce travail est d’amorcer la mise en place d’un outil d’analyse des effets de couleur qui puisse aider à l’anticipation et à la communication de ces effets dans la démarche de projet. Nous recherchons l’aspect opérationnel du répertoire pour le transposer directement dans la démarche de conception architecturale et urbaine. Nous souhaitons, à l’exemple du Répertoire des Effets Sonores (Augoyard, 1995), que chaque description et analyse d’effet donne des outils de compréhension sur l’interaction entre une forme spatiale par exemple, et la perception des couleurs. Le répertoire proposé sur la couleur est exemplifié par des écris théoriques et des exemples de projets. Dans ce répertoire au stade de l’ébauche, nous faisons l’hypothèse de six catégories d’effets pouvant être perçus lors de la traversée de l’espace public. Il s’agit des effets à dominante optique, des effets à dominante climatique et lumineuse, des effets à dominante psychomotrice, des effets à dominante spatiale, des effets à dominante sémantique et symbolique, des effets à dominante psychologique et physiologique et des effets liés à l’organisation perceptive.

Parallèlement, le questionnement autour des effets offre un nouveau mode d’appréhension et de compréhension de l’espace, et présuppose la recherche de modes de représentation adaptés. Plusieurs systèmes de représentations graphiques ont été proposés: cartographies des motifs chromatiques, cartographies des effets chromatiques, tableaux urbains, processus de fragmentation visuelle, images restituant les impressions liées aux effets. Ces explorations graphiques n’ont pas été testées par d’autres professionnels de la couleur. Cela dit, plusieurs acteurs du projet urbain ont souligné l’intérêt de ces systèmes de représentation lors des entretiens. Les cartographies des effets chromatiques ont l’avantage de conserver un mode de lecture chronologique et linéaire au parcours réalisé. Les effets sont rattachés au parcours comme s’ils suivaient l’œil de l’observateur. Le travail cartographique nous permet de distinguer trois typologies d’effets : les effets optiques, les effets immersifs et les effets de lecture de l’espace. Ce type de cartographie permet d’exposer une perception dynamique du territoire, la coprésence des effets, leur annulation. Les motifs chromatiques synthétisent dans un carré de quelques centimètres les teintes utilisées par bâtiments, leur nombre et leurs associations chromatiques. Intégrés ensuite à la dimension cartographique, et servent au travail de statistiques programmatiques qui peut les classer et les analyser par programmes selon leur localisation et leur mode de coloration. Les photomontages restituant graphiquement les impressions liées aux effets chromatiques dans la photographie nous permettent de combler un manque d’informations de la photographie. Nous réintroduisons les impressions d’effets qui n’apparaissent pas sur les photos. Afin de transformer en opérations graphiques et de rendre lisibles les informations obtenues à travers les discours, nous choisissons d’exacerber le trait, de grossir ou de caricaturer leur recomposition. Une légende synthétique des opérations graphiques a été proposée.